LUTTE AU LYCÉE DE BEAUPRÉAU
À Gracq, ça craque !
Mardi 10 septembre, au lycée Julien Gracq de Beaupréau, plus de 50 % des personnels étaient en grève et moins de 15 % des élèves étaient présents suite à l’appel de la FCPE de soutenir le mouvement en n'envoyant pas leurs enfants au lycée.
Après de longues années de lutte, le lycée public de Beaupréau sort de terre. Depuis son ouverture, les effectifs augmentent, ponctionnant ceux du privé grâce à sa marque de fabrique : l'accompagnement très personnalisé des élèves avec un score de 99,32 % de réussite au bac.
Alors que ce lycée entame sa 10ᵉ année d'existence, une nouvelle classe de 2nde ouvre et normalement, cela signifie 38h30 de dotation. Fin juin, le rectorat annonce une dotation de 42 h. Yes ! Mais au moment où tout le monde a bouclé ses valises, abracadabra ! 12 heures disparaissent.
Rapidement, la mobilisation entre profs et parents démarre. Des échanges par messagerie teintés de colère et de dépit. Un communiqué de presse. Puis, les vacances passent... silencieusement... jusqu'à la rentrée où le ton et l'envie de s'organiser montent.
Bien sûr, la rentrée se fait, les emplois du temps sont calés, la classe de 2nde a bien tous ses cours, mais il faut tourner sans dédoublement de classe et grappiller sur les heures d'accompagnement des trois niveaux. Les heures encore rémunérées pour préparer les élèves aux oraux de français et du Grand Oral ne seront possibles que grâce au bénévolat et à la conscience professionnelle de profs sur les rotules. Foutage de gueule !
Dans la foulée, une adhérente de Sud Educ' propose avec deux autres collègues une HIS et rappelle qu'un appel à la grève est lancé pour le 10 septembre.
Les draps blancs et les pots de peinture sont sortis pour faire de belles banderoles et un communiqué de presse est rédigé. Deux journalistes de la presse locale nous écrivent des articles rapidement (à lire ici ou là ), et la matinée se passe dans la bonne humeur mais avec détermination, car ce qui se joue, c'est le rendez-vous avec le DASEN le lendemain. Un technocrate qu'il faut abreuver de chiffres : ceux de la baisse de dotation par élève depuis 3 ans, comparée avec celle du privé tellement généreuse qu'en faisant le ratio, ils disposent de 70h de plus que le public !
Épilogue : les trois collègues reçus par le directeur académique adjoint et la secrétaire générale – l'agenda du DASEN est-il blindé ou est-ce du mépris ? – ont noté le bon accueil et une qualité d'écoute exceptionnelle ! Reconnaissance d'un cafouillage, assurance de regarder le cas du lycée... à la rentrée prochaine, mais en attendant, après avoir gratté les fonds de tiroir, ils verront, car comprenez bien, madame, messieurs, vous n'êtes pas les seuls à demander. Ça, on s'en doutait et c'est bien le problème.
PRIVATISATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
A Angers comme ailleurs, le privé tend sa toile.
Dans son dernier numéro, la Topette dresse un état des lieux du développement des entreprises privées dans l’enseignement supérieur. Depuis la réforme de l’apprentissage en 2018, ce genre de structures explose au détriment, bien sûr, de l’enseignement public qui paie la mise en place de Parcoursup.
Un secteur en plein boom
Il suffit de se promener sur le campus de Belle-Beille pour se rendre compte que le nombre d’écoles a explosé depuis quelques années, tout comme le nombre d’étudiants. Cette augmentation est le résultat du baby-boom des années 2000 et d’un accès accru aux études supérieures. Depuis 10 ans, le nombre d’étudiants a augmenté de 600 000 personnes. Cette hausse profite avant tout au privé, où 26 % des jeunes sont inscrits contre 15 % il y a 10 ans.
Le développement de ces entreprises privées, qui fonctionnent en réseau d’écoles comme l’ESPL, est exponentiel. De nouveaux cursus sont créés chaque année, parfois au détriment des étudiants qui servent de cobayes. La Topette cite le directeur de l’ESPL, qui, pour sa part, estime que ces nouvelles formations répondent à des besoins locaux en lien avec les entreprises du coin. Par ces pratiques, les structures privées créent des diplômes et des travailleurs à la botte des patrons.
Si le privé se développe autant, c’est qu’il profite des difficultés rencontrées par l’université d’Angers, qui peine à absorber la hausse du nombre d’élèves à cause d’un financement insuffisant. Par exemple, alors que le financement moyen d’un étudiant est de 7 200 €, l’université d’Angers ne fonctionne qu’avec 5 700 € par personne. Le nombre d’étudiants à Angers a augmenté de 37 % alors qu’en parallèle, le nombre d’agents n’a augmenté que de 9 %. Depuis 2018, le privé profite également de Parcoursup en récupérant tous les élèves qui n’ont pas reçu d’affectation.
Un marketing agressif
Bien que les termes « licence » ou « master » soient strictement protégés, ces écoles développent des « mastères », des « MBA » (Master of Business Administration) ou des « bachelor ». Ces appellations sans réalité concrète ne sont reconnues que par le ministère du Travail, pas celui de l’Enseignement supérieur. C’est le taux d’insertion professionnelle des anciens élèves (chiffre fourni par l’école, donc juge et partie) qui est évalué et non la qualité des cours. Ces diplômes ne permettent donc pas, ou très peu, la poursuite des études dans le public. Si les écoles privées s’affichent sur les abribus à coup de visuels multicolores, elles oublient bien souvent cette vérité.
La qualité des formations en question
Un des principaux problèmes que pose l’enseignement supérieur privé est son rapport au financement. Depuis la réforme de l’apprentissage de 2018, les entreprises et les écoles ont accès à une main-d'œuvre bon marché en grande quantité. Cela leur permet de capter une partie des 17 milliards d’euros d’aide de l’État. L’objectif des écoles est de recruter un maximum d’élèves pour continuer à faire exploser leurs bénéfices.
Dès lors, face à ces logiques marchandes, la qualité des enseignements est à interroger. De nombreux témoignages et reportages (Complément d’enquête d’avril sur France 2) montrent un schéma récurrent : absences nombreuses de profs, profs non formés, voire des fermetures d’écoles en cours d’année. Un des effets pervers de ce système, c’est que ce sont les enfants des classes populaires qui sont touchés par ces dérives des écoles privées, tandis que les enfants des classes aisées maîtrisent mieux les codes de Parcoursup et accèdent plus facilement à l’enseignement supérieur public. Un comble !
Retrouve l’ensemble de cet article dans le dernier numéro de la Topette
Encore une fois, le désengagement de l’État dans le service public d’éducation est source d’inégalités et de souffrance pour les usagers.
SUD éducation demande la nationalisation des établissements privés et la mise en place d’un plan d’urgence pour le financement des universités.
ENSEIGNEMENT PRIVÉ
Depuis 25 ans, l’État finance le séparatisme social
En France, 14 % des élèves d’écoles élémentaires sont inscrits dans le privé, contre 15 % en moyenne pour les pays de l’OCDE. En revanche, alors que ces mêmes pays de l’OCDE financent leurs écoles privées à hauteur de 59 %, la France participe à hauteur de 73 % pour ses propres écoles.
Cet écart s’explique par une politique volontariste des gouvernements successifs depuis 20 ans, qui a favorisé l’école privée au détriment du niveau des élèves. En effet, grâce à l’accès libre des IPS (Indice de Position Sociale) depuis 3 ans, on constate un vrai embourgeoisement des établissements privés. En parallèle, la hausse démographique du début des années 2000 n’a pas été anticipée et/ou traitée par les décideurs, ce qui a conduit à une saturation du système éducatif. Cette saturation s’accompagne d’une volonté de ne pas administrer le même choc au public et au privé pour faire face à cette situation.
Entre 1998 et 2022, le nombre d'emplois enseignants payés par l’État a fortement baissé dans le public. Cette baisse, conjuguée à d’autres mesures, comme par exemple le fait que les lycées privés aient reçu, entre 2016 et 2023, plus de 1,2 milliard d’euros d’argent public ou encore les nombreuses réformes que le privé n’applique pas, permet au privé de scolariser plus d’élèves. Le public a perdu 200 000 élèves en 25 ans, tandis que le privé en a gagné 100 000.
De plus, le privé a pu mettre en place un processus de « sélection » de ses élèves. Cette stratégie mène à une spécialisation sociale. Les élèves dont les familles disposent d’un capital culturel plus important ont tendance à se diriger vers le privé, ce qui augmente les inégalités sociales et scolaires.
Après les scandales Oudéa-Castéra et la réforme du choc des savoirs, SUD éducation dénonce la stratégie du gouvernement qui cherche à détruire le service public d’éducation au profit d’une école à deux vitesses basée sur la reproduction sociale des élites.
Retrouvez l’ensemble de l’article de Médiapart en cliquant ici.
En bref :
- AESH : Depuis le début de l’année scolaire, nous avons des remontées de terrain concernant l’accompagnement des élèves en situation de handicap lors de la pause méridienne. Les municipalités et le rectorat se renvoient la balle pour savoir qui doit prendre en charge cette question. Retrouvez toutes les infos de SUD éducation sur cette question en cliquant là .
- Violence Sexiste et Sexuelle : Dans le cas du procès des viols de Mazan, des manifestations en soutien à Gisèle Pélicot sont organisées dans de nombreuses villes :
- Rennes Ă 14 h, place de la RĂ©publique
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Tours à 17 h, place Jean Jaurès